John Henry Newman : un homme, une pensée et une spiritualité pour aujourd'hui

NewmanL'actualité nous invite de ces jours-ci à reprendre contact avec l'une de personnalités les plus significatives de la culture et de la spiritualité européenne du XIXe siècle, un auteur « discret » qui a cependant influencé beaucoup d'intellectuels et d'hommes d'Église de son temps et du XXe siècle.


Il serait inutile de réécrire ici sa biographie, qui est bien présentée à plusieurs endroits et en plusieurs langues sur la toile …notamment une longue et détaillée biographie sur Wikipedia

Pour son ouverture au monde, à la pensée philosophique de l'époque (l'empirisme) ainsi qu'à la tradition (Newman a été fort influencé par la pensée des Pères de l'Église ainsi que par celle de Thomas d'Aquin), par son attention à la vérité, sa fréquentation des milieux protestant et catholique, son humilité et à la fois sa force intellectuelle, Newman est et reste un auteur dont la fréquentation peut beaucoup apporter au monde d'aujourd'hui.

Comme tout « génie « , Newman a été fort incompris à son époque, dans quasi tous les milieux qu'il a fréquentés. Cela ne l'a pas empêché de poursuivre le chemin que sa conscience lui indiquait comme le seul vrai. Son « secret » pour tenir au travers de toute difficulté fut une profonde intimité vécue avec son « Créateur ». Ce fut d'ailleurs l'expérience marquante de toute sa vie, une expérience eue déjà à l'âge de l'adolescence, la découverte que de deux êtres seulement l'existence est absolue : « moi-même et mon Créateur » (cf. Apologia pro vita sua).


Je voudrais ici juste indiquer les quelques sites dont la consultation me semble utile ainsi qu'une citation autour de la thématique de la conscience, une thématique très actuelle et qui a été fort chère à ce Cardinal, « bienheureux » depuis le 19 septembre 2010.


Une journée d'études est organisée en Belgique par l'Association des amis de Newman en collaboration avec l'IET (Institut d'Études Théologiques, Bruxelles). Ce sera le 19 octobre à Bruxelles. Pour le programme, voir ici


Voici maintenant la citation sur le thème de la conscience, extrait de L'Idée d'Université (un recueil de sermons prononcés en Irlande à l'occasion de la fondation de l'Université catholique de Dublin)


« Certes, la nature a bien implanté en nous la conscience, mais cette conscience nous inspire la crainte autant que la honte. Quand l'esprit est tout simplement irrité contre lui-même, sans plus, c'est de toute évidence que la signification de cette voix de la conscience et la profondeur de ses estimations ont été oubliées, et qu'une fausse philosophie a mal interprété des réactions qui devraient conduire à Dieu. La crainte dénote qu'il y a eu transgression de la Loi ; et la Loi, qu'il y a un Législateur et un Juge. Mais la culture intellectuelle tend à faire disparaître la craint au profit de l'autoaccusation, et à réduire et ramener cette dernière à une quelconque estimation de ce qui est convenable et bienséant. La crainte oblige à sortir de soi-même ; la honte peut n'agir que dans le cercle de nos propres pensées. Voilà, dirais-je, le danger qui guette un âge civilisé ; tel est son péché coutumier (…) Le péché ordinaire de l'intelligence est (…) de substituer le sens moral, comme on l'appelle, à la conscience (…). Le péché n'est plus une offense à Dieu, mais à la nature humaine. (…) D'où cela vient-il ? De ce que les hommes pensent et agissent comme s'il n'existait aucune réalité objective dans leur religion ; de ce que la conscience ne représente pas pour eux, comme elle le devrait, la voix d'un Législateur, mais seulement l'impératif de leur propre esprit, et rien d'autre ; de ce qu'ils ne regardent pas au dehors d'eux-mêmes, de ce qu'ils ne regardent pas au travers et au-delà de leur propre esprit vers leur Créateur, mais le laissent absorber par l'idée de ce qu'ils se doivent à eux-mêmes et à leur propre dignité, et de leur conformité avec eux-mêmes. La conscience est devenue un simple respect de soi-même (…) Lorsqu'ils font le mal, ils ressentent, non la contrition, qui a Dieu pour objet, mais le remord, et le sentiment d'avoir manqué à eux-mêmes. Ils se disent insensés, et non pas pécheurs ; ils éprouvent la colère et l'impatience, non pas l'humilité (…) Quant à la confession qui est si naturelle au catholique, pour eux c'est une chose impossible ; sauf bien entendu, dans des cas où ils jugent, après avoir commis une offense, qu'ils se doivent à eux-mêmes de présenter des excuses, qu'on attend cela d'eux, et qu'ils éprouveront par la suite une certaine satisfaction à l'idée de l'avoir fait. Ils sont victimes d'une intense autocontemplation ».

(l'extrait est issu de Keith Beaumont, Jonh Henry Newman, Perpignan, Artège, 2010)