Benoît XVI, une méditation sur l'huile sainte
Voici quelques extraits de l'homélie prononcée par Benoît XVI lors de la Messe chrismale de ce Jeudi Saint. Elle est une longue méditation sur la symbolique de l'huile sainte, qui est bénie lors de cette célébration et qui sert dans l'administration de quatre sur sept Sacrement:s le Baptême, la Confirmation, l'Ordination et le Sacrement des malades. En parlant de cette huile, pure huile, fruit de l'olivier, le pape rappelle aux prêtres le sens de leur vocation sacerdotale, mais il propose aussi à tout chrétien comment vivre un véritable chemin de "oint" de Dieu, un chemin de miséricorde, de paix, je justice, de courage. En ce vendredi saint, je propose à votre méditation cette parole qui invite à laisser transformer notre propre vie à la suite de Jésus... pour la victoire de l'Amour et de la Paix.
à lire... à l'ombre de mon olivier!
La traduction de l'homélie appartient aux Editions Vaticanes.
le texte intégrale de l'homélie de trouve à l'adresse du site du Vatican
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Dans la Messe chrismale du Jeudi Saint, les saintes huiles sont au centre de l’action liturgique. Elles sont consacrées dans la cathédrale par l’Évêque pour toute l’année. (...)
Elles renvoient au Jardin des Oliviers, dans lequel Jésus a accepté intérieurement sa Passion. Le Jardin des Oliviers est cependant aussi le lieu à partir duquel il est monté vers le Père, il est donc le lieu de la Rédemption: Dieu n’a pas laissé Jésus dans la mort. (...) Dans quatre sacrements, l’huile est signe de la bonté de Dieu qui nous touche: dans le Baptême, dans la Confirmation comme Sacrement de l’Esprit Saint, dans les divers degrés du Sacrement de l’Ordre et enfin, dans l’Onction des malades, dans laquelle l’huile nous est offerte, pour ainsi dire, comme remède de Dieu – comme le remède qui, dès à présent, nous rend certains de sa bonté, doit nous fortifier et nous consoler, mais qui, en même temps, renvoie au-delà du moment de la maladie, à la guérison définitive, à la résurrection (cf. Jc 5, 14). Ainsi, l’huile, sous ses différentes formes, nous accompagne tout au long de la vie. (...) La Messe chrismale, dans laquelle le signe sacramentel de l’huile nous est présenté comme langage de la création de Dieu, s’adresse de façon particulière à nous, prêtres: elle nous parle du Christ, que Dieu a oint Roi et Prêtre. (...) Dans des étymologies populaires, déjà dans l’antiquité, le mot grec ‘elaion’ – huile – s’est relié au mot ‘eleos’ – miséricorde. En réalité, dans les divers sacrements, l’huile consacrée est toujours signe de la miséricorde de Dieu. C’est pourquoi l’onction pour le sacerdoce signifie toujours aussi la charge de porter la miséricorde de Dieu aux hommes. L’huile de la miséricorde ne devrait jamais manquer dans la lampe de notre vie. Procurons-nous en toujours à temps auprès du Seigneur – dans la rencontre avec sa Parole, dans la réception des Sacrements, dans notre présence priante auprès de Lui.
À travers l’histoire de la colombe avec le rameau d’olivier, qui annonçait la fin du déluge et ainsi la nouvelle paix de Dieu avec le monde des hommes, (...) le rameau d’olivier et l’huile même sont devenus symbole de la paix. Les chrétiens des premiers siècles (...) se rappelaient que la première parole du Ressuscité aux siens avait été: «La paix soit avec vous» (Jn 20,19)! Il porte lui-même, pour ainsi dire, le rameau d’olivier, il fait entrer sa paix dans le monde. (...) Il est notre paix. Les chrétiens devraient donc être des personnes de paix, des personnes qui reconnaissent et vivent le mystère de la Croix comme mystère de la réconciliation. Le Christ ne triomphe pas par l’épée, mais par la Croix. Il triomphe en dépassant la haine. Il triomphe par la force de son plus grand amour. La Croix du Christ exprime le ‘non’ à la violence. Et c’est bien ainsi qu’elle est le signe de la victoire de Dieu qui annonce le nouveau chemin de Jésus. Celui qui souffre a été plus fort que les détenteurs du pouvoir. Dans le don de lui-même sur la Croix, le Christ a vaincu la violence. (...)
Le fait que l’huile rende fort pour le combat appartient aussi à son symbolisme. Cela ne s’oppose pas au thème de la paix, mais en fait partie. Le combat des chrétiens consistait et consiste, non dans l’usage de la violence, mais dans le fait qu’ils étaient et sont toujours prêts à souffrir pour le bien, pour Dieu. Il consiste dans le fait que les chrétiens, en bons citoyens, respectent le droit et font ce qui est juste et bon. Il consiste dans le fait qu’ils refusent de faire ce qui, dans les dispositions juridiques en vigueur, n’est pas un droit, mais une injustice. Le combat des martyrs résidait dans leur ‘non’ concret à l’injustice: rejetant toute participation au culte idolâtre, à l’adoration de l’empereur, ils ont refusé de se plier au mensonge, à l’adoration de personnes humaines et de leur pouvoir. Avec leur ‘non’ au mensonge et à toutes ses conséquences, ils ont porté haut le pouvoir du droit et de la vérité. Ainsi, ils ont servi la véritable paix. Aujourd’hui encore, il est important pour les chrétiens de suivre le droit qui est le fondement de la paix. Aujourd’hui encore, il est important pour les chrétiens de ne pas accepter une injustice qui est élevée au rang de droit – par exemple, quand il s’agit du meurtre d’enfants innocents qui ne sont pas encore nés. C’est ainsi que nous servons la paix et c’est ainsi que nous nous mettons à suivre les traces de Jésus Christ (...)
Dans l’Église antique, l’huile consacrée a été considérée, d’une manière particulière, comme signe de la présence de l’Esprit Saint qui, à partir du Christ, se communique à nous. Il est l’huile d’allégresse. Cette allégresse est une chose différente du divertissement ou de la gaieté extérieure que la société moderne désire. Le divertissement, à sa juste place, est certainement une chose bonne et agréable. C’est bien de pouvoir rire. Mais le divertissement n’est pas tout. Il est seulement une petite partie de notre vie, et là où il veut être le tout, il devient un masque derrière lequel se cache le désespoir ou du moins le doute de savoir si la vie est vraiment bonne, ou s’il ne serait peut-être pas mieux ne pas exister que d’exister. Mais la joie qui nous vient du Christ est différente. Elle nous donne l’allégresse, oui, mais elle peut certainement cohabiter avec la souffrance. Elle nous donne la capacité de souffrir et, dans la souffrance, de rester cependant profondément joyeux. Elle nous donne la capacité de partager la souffrance de l’autre et de rendre ainsi perceptible, dans la disponibilité réciproque, la lumière et la bonté de Dieu. (...) Celui qui aime est prêt à souffrir pour la personne aimée et à cause de son amour et il fait ainsi l’expérience d’une joie plus profonde. La joie des martyrs était plus forte que les tourments qui leur étaient infligés. (...)
Dans le fruit de l’olivier, dans l’huile consacrée, la bonté du Créateur et l’amour du Rédempteur nous touchent. Prions pour que sa joie nous envahisse toujours plus en profondeur et prions pour être capables de la porter encore à un monde qui a si urgemment besoin de la joie qui jaillit de la vérité. Amen.