C'est Pâques! Mais Pâques c'est quoi?
Les chrétiens viennent de fêter Pâques (cette année, les chrétiens catholiques et les chrétiens orthodoxes fêtent Pâques en même temps!). Pâques est la fête la plus importante du calendrier chrétien, car c'est en elle qu'on célèbre l'évènement qui est au coeur même de toute raison de croire en Dieu et en Jésus Christ: la Résurrection de Jésus d'entre les morts. Saint Paul dit (I Cor 15,14) "si le Christ n'est point ressuscité, notre prédication est donc vaine, et vaine aussi est votre foi". Et il ajoute "Si c'est pour cette vie seulement que nous espérons dans le Christ, nous sommes les plus misérables de tous les hommes. Mais maintenant le Christ est ressuscité d'entre les morts, comme prémices de ceux qui se sont endormis (I Cor 15,19-20).
Le Pape François l'a répété ce dimanche de Pâques devant plus de 150.000 fidèles "Cet événement est à la base de notre foi et de notre espérance : si le Christ n’était pas ressuscité, le Christianisme perdrait sa valeur ; toute la mission de l’Église serait vidée de son élan, parce que c’est de là qu’il est parti et qu’il repart toujours. Le message que les chrétiens apportent au monde, le voici : Jésus, l’Amour incarné, est mort sur la croix pour nos péchés, mais Dieu le Père l’a ressuscité et l’a fait Seigneur de la vie et de la mort. En Jésus, l’Amour l’a emporté sur la haine, la miséricorde sur le péché, le bien sur le mal, la vérité sur le mensonge, la vie sur la mort" (Message Urbi et Orbi, Pâques 2014).
Voilà donc ce qu'est la fête de Pâques pour les chrétiens. Mais qu'est-ce que cela veut dire "Résurrection de Jésus d'entre les morts"? C'est pas tout d'affirmer cela, il faut encore que cela ait pour nous une signification. Alors, qu'est-ce que cela signifie ? Certes, il y a une réponse vraie et factuelle: le chrétien croit que, en Jésus ressuscité, Dieu a fait triompher la vie sur la mort, qu'Il nous a sauvés, délivrés du péché, et que donc notre vie aussi ne se termine pas avec la mort physique du corps, mais qu'elle continue après la mort de celui-ci. Et qu'elle continue, pas seulement sous la forme d'un état de vie spiriuelle, dans la mémoire des survivants ou de l'histoire, etc., mais qu'elle continue réellement, comme une vraie vie, réelle, même si autrement donnée et partagée que la vie que nous connaissons ici-bas. Et le chrétien croit même que le corps ressuscitera un jour, quand le Christ reviendra pour "juger" le monde. Ce corps sera un corps glorieux, différent de celui que nous connaissons aujourd'hui, mais ce sera quand même un corps, mon corps! C'est pour cela que la Résurrection est pensée aussi comme une "ré-naissance".
Mais au-delà de cette foi ferme du chrétien, comment pouvons nous saisir cette réalité et la faie nôtre dans notre quotidien aujourd'hui?
Je ne me propose pas ici de me lancer dans un grand discours théologique. Je veux vous proposer quelques méditations sur Pâques et vous laisser "juger" par vous mêmes à propos de ce que peux signifier au quotidien cette réalité de la "résurrection de Jésus d'entre les morts".
- Voici le message de Pâques du Pape François en version intégrale
- Voici une belle homélie de Pâques d'un ami prêtre
- les paroles du Pape au Regina coeli du Lundi de Pâques
Et puis j'ajoute mon propre témoignage.
Hier j'ai écouté à la radio le message Urbi et Orbi du Pâpe François et j'ai été très touchée par ses premiers mots prononcés: "Non abbiate paura". Il reprenait à la fois les paroles de l'ange aux femmes venues voir Jésus au tombeau (vide) ainsi que les premiers mots de son prédécesseur Jean-Paul II, prononcés juste après son élection pontificale. Si Jésus est ressuscité, nous pouvons être délivrés de la peur. En écoutant, je pensais à mon papà qui est fort malade, à une amie très malade et qui souffre beaucoup, à ma vie de femme séparée, vivant dans un pays qui n'est pas le mien, loin de ma famille, à mes enfants qui grandissent dans un monde beau mais aussi dangereux, et je laissais ces paroles couvrir toutes ces réalités qui me font peur et qui portent en elles des traces de mort. Soudainement, j'ai vu ma vie se dérouler devant moi, parfois sinueuse et douloureuse, et j'ai aperçu qu'un fil rouge la traverse, celui de la fidélité de Dieu à ma personne. J'ai vu clairement le fait que jamais, au cours de ma vie, malgré la souffrance dont elle a été frappée (comme l'est toute vie), je n'ai manqué de ce qui a été nécessaire au moment même où cela a été nécessaire. J'ai pensé alors que jamais Dieu ne m'a laissé manquer des personnes dont j'avais besoin pour avancer, jamais il ne m'a laissée seule. Et j'ai vu aussi que tout ce que de vrai ma vie a expérimenté (comme l'amitié par exemple) n'a jamais cessé d'exister, malgré la distance, malgré le temps qui passe, malgré les paroles qui manquent...Alors je sais que cela ne finira jamais, que tout ce que de beau et de vrai ma vie contient est pour toujours! C'est en cela que je peux faire tous les jours l'expérience de la Résurrection. Dieu est fidele et il est là, à chaque instant! Et cette expérience m'ouvre de plus en plus à l'intimité avec Dieu, qui est la source de cette vie qui ne meurt jamais et la source de toute paix. "Non abbiate paura": c'est vrai cela! Je n'ai donc plus peur de perdre ceux que j'aime, ni de perdre ma vie, car Jésus est vraiment Ressuscité et rien de ce qui est bon ou vrai ne peut plus être ôté de ma vie. Tout est définitivement "sauvé", inscrit dans le coeur même de Dieu qui a recheté nos vies par son propre Fils, par son propre sang! Mais ces derniers temps, à travers la souffrance que j'ai dû traverser, j'ai aussi fait l'expéreince qu'il n'y a pas de Résurrection sans croix. Ce n'est pas que Dieu veut nous voir souffrir à notre tour ou qu'il veut nous tester dans une sorte de "donnant/donnant"... C'est qu'on ne peut pas entrer dans l'intimité de Dieu, ni goûter au don qu'il nous fait de Lui-même, sans accueillir pleinement la vie telle qu'elle nous est donnée. Et cet accueil présuppose un décentrement de moi-même, un abandon du calcul et d'une "justice" à mésure de mon coeur étroit et craintif, une dépossession et une ouverture de moi-même pour pouvoir tout regarder dans la logique du don. Je comprends comme cela le fait de "porter sa croix": accueillir tout de soi et se regarder comme "donné". Sans gemir quand ce qui arrive ne correspond pas à ce que l'imagination avait fait espérer.... C'est un chemin difficile, mais sur ce chemin je peux faire réellement l'expérience de la Résurrection. Car je peux apprendre petit à petit à tout recevoir comme un don, même ce que je n'ai pas désiré ou ce qui me fait naturellement "peur". Tout est donné dans l'instant présent, tout instant contient le ciel. Si on sait voir cela, alors la vie est vraiment éternelle, comblée à chaque instant. Il y a un dernier petit témoignage que je veux vous livrer, un détail qui me fait mieux comprendre pourquoi saint Paul compare la vie à une course... Récemment j'ai recommencé à courir et cela me fait vraiment du bien. Je me suis demandée pourquoi... C'est sans doute à cause des endorphines... , mais j'ai découvert qu'il y a aussi une raison plus profonde, qui a à voir avec le sens de Réssurection. En fait courir oblige à être attentif à l'instant présent; à le vivre et à le goûter pleinement pas après pas, en poussant un pied devant l'autre pour atteindre le but. IL est impossible d'achever un marathon si on pense aux 42 Km à parcourir...(et même les 20km de Bruxelles, si on pense sans cesse à l'avenue de Tervuren qu'il faudra rémonter à la fin du parcours...!!). Projeté dans le "futur" qu'il faudra affronter, on n'arrivera jamais au bout de la course! Mais si l'on se concentre sur le km qu'on est en train de parcourir, alors on peut avancer pas après pas, et on arrive à la fin presque sans l'avoir remarqué!! Et on y arrive surtout en gardant en soi le goût de chaque pas accompli, eti la joie du chemin, sans être replié sur l'effort qu'il a fallu endurer pour le parcourir! C'est comme cela aussi que j'expérimente la Résurrection...la plénitude de l'instant présent qui peut être goûté sans crainte!! (sans crainte de le perdre et sans crainte qu'il soit trop dur à affronter!). Ce qui me frappe, c'est que cette attitude d'attention au présent commence à me rendre plus attentive aussi à toutes les fragilités que je perçois autour de moi... elle ôte progressivement de mon coeur toute tentation de me replier... seule, sur ma propre peine.. C'est une grâce, la grâce aussi de la Résurrection!
bon temps de Pâques à tous!!!