La nomination de Mgr Léonard... et ses "commentateurs"

Monseigneur André-Joseph Léonard est le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles, Primat de l'Église de Belgique: cette nouvelle a  déjà fait couler tant d'encre que je ne veux pas en rajouter une couche! Dans le bon ou dans le mauvais sens, Monseigneur Léonard fait parler de lui. C'est déjà quelque chose. Au moins on ne pourra plus dire que la vie de l'Église laisse les gens indifférents!
Si je consacre un petit billet à la question, c'est plutôt parce que je suis intriguée par la manière de commenter cette "nouvelle" (d'ailleurs, la nouvelle a circulé avant l'heure dans tous les médias du pays, ce qui prouve que pour la société civile, même sécularisée, la vie de l'Église est une référence qui compte!).
Il me semble qu'une grande majorité des commentateurs - mais pas tous!! - a cherché à questionner Monseigneur en vue de savoir ce qu'il va permettre ou interdire aux fidèles et à la société civile, s'il va être un homme d'ouverture ou un homme d'interdits, un progressiste ou un conservateur, s'il va garder son franc parler ou pas, comme si la question fondamentale était celle de savoir comment le nouveau Primat va se positionner face aux "règles". C'est peut-être normal de poser ce genre de questions, car chacun questionne à partir de ce qu'il est et de ce qu'il vit. Or, dans la société d'aujourd'hui, le fait de se positionner par rapport à ce qui est permis ou défendu, le fait de respecter la règle du "politiquement correct",  semble être la valeur sure pour devenir un homme bon, et un bon citoyen de surcroît.
Mais, est-ce que la question de savoir comment on se positionne face aux règles établies, si l'on va interdire ou plutôt permettre ceci ou cela, si 'lon est conservateur ou progressiste..., nous fera réellement avancer vers une plus profonde compréhension de ce que nous sommes, vers plus de profondeur dans la vie que nous vivons, vers le développement d'outils pour la construction d'un monde plus vrai et plus humain? Je n'en suis pas certaine.
Le vicaire de ma paroisse a proposé quelques réflexions sur la question, et la raison de mon billet est d'en faire échos, car elles m'interrogent et m'aident à mieux voir comment peut-on avancer vers l'accomplissement de soi et l'édification d'une communauté humaine "ajustée" à ce que nous sommes. Je vous en conseille vivement la lecture: au-delà du permis et du défendu: les réactions à la nomination de Monseigneur Léonard
 
PS: personnellement j'ai bien connu l'Abbé Léonard quand il était professeur à l'Université catholique de Louvain. J'ai été l'une de ses étudiantes et il a été le directeur de certains de mes travaux. Je conserve de lui le souvenir d'un homme compétent et droit, très exigeant avec lui-même, capable de donner tout de lui-même dans la tâche qui lui était confiée, mais très exigeant en retour avec ses étudiants aussi. Au coeur de cette exigence, j'ai toujours trouvé auprès de lui  un débordement de bonté et de compassion, de véritable attention à chacun. Et c'est cette bonté ce qu'en lui m'a toujours le plus touchée. Il est vrai que l'enseignement de Léonard ne laissait pas de place au pur "scepticisme" déconstructeur, mais sa passion pour le "travail" critique de la raison m'a toujours étonnée. C'est cette passion qui fait de lui, à mes yeux, à la fois un homme de convictions et aussi un homme capable de dialogue (au sens le plus stricte du terme). J'ai regretté qu'il soit "arraché" à l'université et à ses étudiants, je continue à le regretter. Sa nomination ne fait pas l'unanimité dans l'Église et dans la société civile, sa personne est critiquée, je ne sais pas quoi dire devant tout cela. Je n'aime pas m'associer au choeur de voix qui jugent. Je préfère m'associer à la bonté des hommes bons, et espérer ainsi contribuer à construire avec eux un monde à mesure d'homme, à mesure de ce que l'homme porte en lui comme richesse et à mesure de ce à quoi son coeur aspire. Je souhaite à Monseigneur André-Joseph Léonard de pouvoir toujours trouver cette bonté au plus profond de lui-même et en être témoin, pour le bien du monde et de l'Église.