Benoît XVI aux évêques d'Irlande... ou la rigueur de la charité
Depuis des jours, l'Église est secouée par une tempête qui met à mal prêtres, religieux et autorités ecclésiastiques. Cela mérite un petit billet.
Tout d'abord, je voudrais vous inviter à la lecture de la lettre, belle et impressionnante à mes yeux, que Benoît XVI a envoyé aux évêques d'Irlande après avoir dénoncé sévèrement les faits de pédophilie dont certains religieux et prêtres se sont rendus responsables.
La lettre la voici (il y a aussi de la documentation sur d'autres faits analogues. ). On voit que, depuis de début de son pontificat, la position du pape a été celle de la dénonciation ferme et sans équivoques de ces faits. A mes yeux, ses propos nous montrent ce que peut être la « rigueur » du jugement, quand elle est habitée par la charité, par l'amour même de Dieu.
Personnellement, je suis touchée par ces scandales de pédophilie qui viennent au grand jour.
Je suis croyante, j'ai une grande affection pour l'Église. Dans ma vie, et cela depuis mon enfance, j'ai eu la chance de rencontrer des prêtres et des religieux, nombreux, qui m'ont laissé découvrir la grandeur de la foi et j'ai une grande affection pour eux, une grande admiration et estime pour le don d'eux-même qu'ils ont fait à Dieu; pour le célibat qu'ils vivent, non sans sacrifice, mais avec joie; pour l'offrande quotidienne de leur vie pour amour des plus pauvres, pour l'attention qu'ils réservent à chaque personne en demande d'aide et à la recherche de sen s et de vérité. Tout cela a toujours contribué à faire grandir en moi la certitude que la parole de Jésus Christ est une parole vraie: en voyant ces prêtres, ces hommes et femmes consacrés à Dieu et si humains, si bons et comblés dans leur vie, je me suis toujours dit que Dieu devait être grand et bon, et sa parole bien vraie, si ses amis pouvaient être si bons!!
D'apprendre que des prêtres et religieux ont abusé d'enfants dans l'exercice de leur ministère me fait donc très mal, même, cela me semble incroyable!!Que les prêtres et les religieux aient des défauts, que, tout comme moi, ils commettent des « péchés », c'est normal, mais comment est-ce possible de tels actes? Quelle horreur de voir en face le « mal » quand il se montre dans toute sa laideur. Mais c'est ainsi: cela s'est réellement produit et on ne peut pas le nier. Certains voix se sont levées contre l'Église pour crier au scandale! Ce fut ma tentation aussi.
Certains, même certains hommes d'Église, sont allés jusqu'à dire que ces faits peuvent se produire là où l'on impose le célibat aux prêtres... C'est une position que je ne partage pas. Cela reviendrait presque à affirmer que la situation du célibat empêche à une personne de trouver équilibre et épanouissement. Or, l'expérience nous montre que la plupart de personnes vivant la condition de célibataire est épanouie - il ne faut pas oublier que le célibat n'est pas l'apanage des prêtres ou des religieux, mais aussi de tant de gens qui, pour différentes raisons, n'ont pas connu le mariage ou qui ont rencontré une situation d'impasse dans le mariage – Et lorsque le célibat est assumé comme un choix (que ce soit dans la vie religieuse ou après un veuvage ou un échec dans le mariage), cet épanouissement peut se transformer en une véritable fécondité spirituelle, la personne célibataire devenant capable de s'ouvrir par le don de soi bien au delà du cercle de ses proches...
La richesse du célibat consacré réside sans doute là: dans cette possibilité d'ouverture à tous qu'une personne mariée, responsable de sa propre famille, ne pourra pas avoir, même si elle le désire. Quand, pendant la messe, lors de certaines prières, le prêtre ouvre grand ses bras, je pense souvent à comment, par le don total de lui-même à Dieu, il est devenu un témoignage vivant de l'Amour de Dieu qui se donne à tous, inconditionnellement, un témoignage de cet Amour dont le monde a si soif...Et j'ai beaucoup d'admiration et d'affection pour ceux qui opèrent ce choix, pas facile, mais si prophétique... Ce n'est donc peut-être pas à cause du célibat que le mal s'introduit et entache les relations, aussi dans l'Église....Il faudrait chercher plus loin, et peut-être même à l'extérieur de l'Église.
Dans cette tourmente, j'apprécie beaucoup les autorités de l'Église, le Pape en premier lieu, qui ne cherchent pas à minimiser les faits, et qui, en admettant courageusement la réalité, dénoncent avec fermeté les erreurs des ces « hommes de Dieu » qui ont mis à mal leur fonction et leur ministère en « péchant » gravement. Ces hommes, disent-ils, doivent reconnaître leur faute, demander pardon à Dieu et aux hommes, être poursuivi pas la justice, s'il y a lieu, et se repentir, en demandant la grâce de la conversion.... par leur pénitence.
Mais en même temps, la parole de l'Église est aussi une parole de miséricorde. Elle est prononcé pour tout homme qui a touché au mal. Elle dénonce le mal, mais annonce aussi l'espérance pour qui se repentit sincèrement, et revient sur ses pas, en se tournant vers le bien. Rien n'est jamais perdu pour l'homme que nous sommes!
Cette parole de charité envers l'homme, prononcée en même temps que la juste dénonciation du mal commis, est pour moi un nouveau signe qui m'aide à grandir dans la foi, un nouveau signe de la bonté de ce Dieu en qui j'ai mis toute mon espérance.
Quelle autre société humaine pourrait à la fois dénoncer la faute avec fermeté, inviter les « coupables » à assumer la pleineresponsabilité de leurs actes, demander le repentir, la juste sanction, et en même temps.... témoigner aux « coupables » que la "miséricorde" et le pardon sont le seuls mots ajusté à leur condition? Les seuls que Dieu prononcera devant leur coeur pénitent... ?
Pour prononcer une parole qui manifeste une telle rigueur habitée de charité, il faut plus qu'un homme, il faut un homme... qui parle pour Dieu....