Depuis une semaine toute la Belgique vit au rythme de la « zone verte »
Nous en sommes au 9e jour du confinement strict. En bonnes tortues dociles, entraînées à suivre les consignes, nous nous sommes soumises aux contraintes, coûte que coûte. Et voilà que nous nous entraînons seules depuis quelques temps (!). Nous l’acceptons, parce que nous savons que c’est pour le bien de tous ! « Prenez soin de vous et des autres », nous dit-on à longueurs de journées. C’est vrai, nous le souhaitons ! Mais du coup, le temps s’est comme arrêté. Nous qui, pour la plupart, étions habitués à vivre nos journées en « zone orange » et pour certains même en « zone rouge », nous voici confinés en « zone verte » pratiquement tout le temps.
Et il nous faut nous y habituer. Pas évident, car comme notre coach nous l’a souvent répété, l’allure en « zone verte » n’est pas naturelle. Il faut s’y contraindre ou y être contraint par un entraînement de groupe. Et nous en faisons aujourd’hui l’expérience à nos frais. En effet, ce n’est pas évident de ralentir ! Et c’est sans doute grâce à la solidarité qui se vit entre voisins, grâce aux réseaux sociaux qui nous permettent de rencontrer nos familles et amis à distance, grâce aux nouvelles technologies qui rendent possible de continuer le travail sans se rendre au bureau, grâce à Teams, ce petit bijou dont toutes les enseignants se servent pour donner cours en ligne (obligeant même les vielles tortue comme moi à s’y faire - ah horreur!), et évidemment grâce à Youtube et au James virtuel, c’est grâce à tous cela en somme que nous parvenons à accepter ce ralentissement du temps et à en faire même une opportunité. Ensemble, c’est plus facile ! Et alors nous nous rendons compte que, lorsqu’on court en « zone verte », il y a moyen de voir ce qu’une course rapide ne permet pas d’observer : le beau paysage, mais aussi la fatigue de l’autre, son envie de partager ce qui lui tient à cœur, la sympathie qui nous lie les uns aux autres, la solidarité entre nous, le bien commun. C’est la « zone verte », nous répète le coach, qui construit notre endurance dans le temps, car seulement en « zone verte » notre cœur peut se renforcer et devenir plus solide et endurant. Nous l’expérimentons aujourd’hui ! Certes, si l’on court en « zone verte » c’est pour pouvoir mieux avancer aussi en « zone orange » et en « zone rouge », et c’est bien là l’objectif, de s’améliorer pour pouvoir mieux avancer. Si l’on restait en « zone verte » tout le temps notre économie s’effondrerait ! Notre énergie aussi ! Mais après avoir vécu cette période de « zone verte » confinée, il faudra qu’aucune tortue n’oublie jamais la leçon qu’on peut tirer de ce temps où la pandémie nous a obligés à ralentir : ce n’est qu’en agrandissant la résistance de notre cœur grâce à une vie moins préoccupée de « courir vite » que nous pourrons réellement progresser et consolider notre « course » lorsqu’il nous sera demandé d’accélérer le rythme et de nous produire en « zone orange » ou en « zone rouge ».
Certes, aujourd’hui, il y a de nombreuses tortues obligées à vivre leur journée en « zone rouge » : ce sont les soignants, les journalistes, les personnes qui s’occupent de logistique et même nos gouvernants. A eux, mais tout particulièrement aux soignants, doit aller toute notre reconnaissance. Ils sont au front pour garantir notre survie. Il ne faut pas – et ne faudra jamais plus - l’oublier ! C’est pour eux d’ailleurs que nous acceptons avec résilience aujourd’hui de maintenir ce rythme de « zone verte » en le pratiquant en coureur solitaire et solidaire ! Bon confinement à tous !