Damien de Veuster et Jeanne Jugan. Un saint... c'est quoi?
Je n'ai pas l'intention ici de chercher une réponse aux questions qui se répètent dans nos médias de ces jours-ci. Si vous les recehrchez, vous les trouverez facilement en tapant sur Google "canonisation Damien de Molokai" ou en choisissant la page des "Pères de Picpus", la congrégation religieuse dans laquelle Damien a prononcé ses voeux.
J'ai juste envie de vous proposer ici quelques réflexions et quelques liens pour mieux appréhender qui fut le Père Damien et aussi pour susciter l'envie, qui sait, de regarder de plus près la vie de cet homme bien ordinaire, un belge comme tant d'autres, à qui cependant l'attachement à Jésus a permis de devenir un homme extraordinaire,"le plus grand belge de tous les temps », comme il a été défini par ses propres compatriotes.
La vie de Joseph de Veuster est en effet une vie bien ordinaire. Fils de fermiers de la campagne flamande, Joseph, devenu Damien après son entrée dans la Congrégation des pères des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, appelée aussi Congrégation des Pères de Picpus (en référence á la rue de Paris où était installée la maison-mère), part comme missionnaire le 9 novembre 1863, pour les îles Hawaï. Jusque là, il ne fait que suivre un chemin déjà emprunté par tant d'hommes et de femmes consacrés au Seigneur. Son coeur brûle cependant d'un très grand désir de suivre la parole du Christ et de porter aux hommes la joie de se savoir aimés de Dieu. « Allez. De toutes les nations faites des disciples » (Mt. 28, 19). Damien suit cet appel évangelique. Deux mois après son arrivée á Honolulu, le 21 mai 1864, il est ordonné prêtre. Après 9 ans de cet apostolat sur la grande île d'Hawaï, il répond à une demande de l'évêque et se porte volontaire avec trois autres confrères pour aller vivre parmi les lépreux, relégués sur l’île de Molokaï. Il part le 10 mai 1873 : il devait y rester trois mois, en réalité il y passera le reste de sa vie. C'est là que son attachement à Jésus le transforme, lui et son tempérament, qui, tout comme le nôtre, était bien « ordinaire » et plein de défauts. A Molokai, en effet, Damien découvre un véritable enfer, fait de souffrance, d'égoïsme, de laisser-aller moral et social, de désespoir, dûs aux conditions de vie inhumaines dans lesquelles les lépreux étaient laissés par la société tout entière. Son amour du Christ et des hommes le pousse alors à se dépasser afin d'améliorer du moins un peu les conditions de vie de ces malades abandonnés à eux-mêmes. L'univers fait de souffrance, de désespoir et d'égoïsme se transforme petit à petit en une communauté de vie, où même la souffrance acquiert un sens. Le Père Damien ne ménage en rien ses efforts pour rendre possible une véritable vie sociale à Molokai : construction d'un hôpital, d'une église, d'un commerce où les malades peuvent s'approvisionner gratuitement, organisation d'une fanfare pour agrémenter les loisirs, expérimentation de nouveaux médicaments pour soigner les malades. Tout donné au Christ, sans se soucier des difficultés, voire des critiques ou des jalousies de ses confrères, auxquelles il est confronté, lorsqu'il se découvre malade, il choisit de rester près de ses lépreux, refusant le rapatriement en Belgique, qui lui aurait valu des soins capables de sauver sa vie. A l'image du Christ, on peut dire de lui qu'il "a aimé jusqu'au bout".
En 1881 il écrivait à son frère, père missionaire aussi : "C'est au pied de l'autel que nous trouvons la force nécessaire dans notre isolement. C'est là aussi que je me rencontre tous les jours avec vous et tous les bons pères de notre chère congrégation. Sans le saint Sacrement, une position telle que la mienne ne serait pas soutenable. Mais ayant notre Seigneur á mes côtés, eh bien, je continue d'être toujours gai et content". Toute sa vie a été la suite de cette affirmation : tout uni et abandonné au Christ en qui il avait mis toute sa confiance, le Père Damien a accompli une oeuvre qui lui vaut aujourd'hui la reconnaissance de tous les hommes, de n'importe quel horizon ou croyance religieuse. Et il est devenu un saint.
En le canonisant, l'Église tout entière lui reconnaît de pouvoir être montré en exemple pour sa façon de vivre les vertus chrétiennes qui unissent à Dieu : la foi, l'espérance, la charité. C'est cela être proclamé « saint » : c'est être reconnu comme le disciple du Christ qui a fait de sa vie un chant d'amour pour Jésus et qui, tout donné à lui, est devenu sur terre la trace lumineuse de cet Amour que Dieu donne à chacune de ses créatures. La canonisation est la reconnaissance de la gloire rendue à Dieu par l'une de ses créatures à travers sa vie donné à Lui et aux hommes.
On pourrait dire de même pour Jeanne Jugan (1792-1879)... dont la devise pourrait être cette phrase qu'elle aimait répéter aussi souvent que possible "c'est si beau d'être pauvre, de ne rien avoir, de tout recevoir du bon Dieu". Forte de cette certitude, Jeanne a donné tout d'elle-même à Dieu en servant les plus pauvres des pauvres, les vieillards abandonnés, ce qui lui a mérité entre autre, et de son vivant, d'être reçue à l'Académie Française en signe de reconnaissance. Pour mieux connaître sa vie et le secret de sa santeté, je vous conseille la lecture du livre Prier 15 jours avec Jeanne Jugan.
Pour en savoir sur ces saints que l'Église canonise ce 11 octobre, voici quelques liens:
- les articles de Radio Vaticana
- le site de la Congrégation des frères des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie (les Frères Picpus)
- le dossier complet sur Damien de Veuster mis en ligne par le site des évêques de Belgique
- le site des évêques de France, pour en savoir plus sur Jeanne Jugan, fondatrice des petites soeurs des pauvres.
- dossier de canonisation de Jeanne Jugan
- le site des jeunes catholiques de Belgique, pour en savoir plus sur les autres saints canonisés dimanche